Challenge \"Accoucher sans péri\" : en live du 2 au 6 décembre, pour les mamans qui accouchent entre Janvier et Avril, inscris toi c\'est gratuit ! \"EN SAVOIR PLUS\"
Le placenta est cet organe indispensable au bon déroulement de la grossesse et de l’accouchement mais on n’a tendance à ne pas y prêter beaucoup attention.
Dans cet article, je vous parle du rôle du placenta pendant la grossesse, son importance à l’accouchement et de comment faciliter sa sortie.
Dans un article prochain, je vous parlerai de l’utilisation du placenta en post-natal.
1. Le placenta pendant la grossesse
Dès les premières semaines d’installation du bébé dans l’utérus maternel, le placenta se forme, pont entre la mère et l’enfant.
Tout au long de la grossesse, le placenta assurera le bon fonctionnement des échanges sanguins entre le bébé et la maman.
Au fil de la grossesse, il grandit, grossit, s’étend dans l’utérus.
Quand l’utérus se développe, le placenta remonte dans l’utérus. C’est un des éléments vérifié pendant les échographies du deuxième et troisième trimestre.
Si le placenta est trop bas, ou même recouvre le col de l’utérus, l’accouchement par voie basse est compromis.
Le placenta doit assurer de bons échanges jusqu’au bout de la grossesse. En cas de dépassement de terme, l’échographe vérifie si le placenta assure toujours bien son rôle, s’il se calcifie ou non. Le fait que le placenta vieillisse et ne puisse plus assurer les échanges de manière optimum entre la mère et l’enfant peut être un motif de déclenchement.
2. Le placenta pendant l'accouchement
Pendant toute la durée de l’accouchement, le placenta continue d’apporter au bébé tout ce dont il a besoin. C’est un peu son compagnon de voyage pendant la naissance. Il lui fournit énergie et oxygénation.
Une fois le bébé né, le placenta continue de lui envoyer tout le sang qui lui revient, ainsi que l’oxygène dont il n’aura plus besoin une fois la respiration installée.
C’est pourquoi il est important de ne pas clamper et couper le cordon trop tôt.
⚠️ En maternité, ce point fait débat et tous n’acceptent pas de laisser le cordon battre jusqu’au bout.
Plus de 30% du volume de sang qui revient au bébé arrive dans les minutes qui suivent l’accouchement par l’intermédiaire du placenta et du cordon.
Certains couples choisiront donc d’attendre que le cordon ait fini de batre avant de le couper.
D’autres le laisseront plus longtemps, jusqu’à ce qu’il tombe de lui-même (c’est ce qu’on appelle le bébé-lotus, comme sur la photo en tête de cet article ❤️)
3. Les protocoles hospitaliers
Quand on accouche en maternité, souvent on ne se rend pas compte de la sortie du placenta. C’est la sage-femme qui s’en occupe, elle n’en parle pas.
C’est étonnant d’ailleurs car pourtant c’est l’étape de l’accouchement qui stresse le plus les soignants. Et pourtant, c’est passé sous silence.
Est ce que si on n’en parle pas, cela annule les risques??
Je ne crois pas.
Pourquoi les soignants sont inquiets de la sortie du placenta? Parce qu’un placenta qui ne se décolle pas de la paroi utérine, ou partiellement, va empêcher l’utérus de se contracter correctement pour refermer les vaisseaux de l’échange sanguin mère-enfant.
C’est ce qui provoque les hémorragies de la délivrance. Alors au moment de la sortie du bébé, en maternité, un protocole hospitalier consiste à injecter une dose d’ocytocine de synthèse dans la perfusion de la maman. Cela aura pour effet d’augmenter les contractions utérines, pour que celles-ci décollent et expulsent le placenta.
Comme vous savez, l’accouchement en maternité est chronométré. Si le placenta n’est pas sorti, généralement au bout de 30 min après la naissance, le personnel décide d’ « aller le chercher ».
Pour cela deux solutions :
En tirant un peu sur le cordon. Si le placenta était décollé, il sort. C’est la version soft.
Soit le médecin est appelé pour faire une révision utérine. Dans ce cas le médecin va introduire sa main (et son bras) dans l’utérus et « ramasser » le placenta. Il effectuera la manœuvre plusieurs fois pour « faire le tour » et vérifier qu’il ne reste pas de morceaux, qui se seraient détachés.
C’est un geste violent. Mieux vaut avoir une péridurale ou une rachi-anesthésie. Si ce n’est pas le cas, une anesthésie générale peut être indiquée (pour agir en cas d’urgence).
Pour mon premier accouchement, j’ai subi une révision utérine sous péridurale. Heureusement pour moi je n’ai rien senti (péridurale fort dosée) mais ce n’est malheureusement pas le cas de toutes les femmes.
On peut se questionner sur ces interventions médicales lors de la sortie du placenta.
4. Faciliter la sortie du placenta
On peut se demander pourquoi la femme, après avoir porté son bébé dans son ventre, l’avoir nourri et l’avoir enfanté :
Pourquoi ne serait-elle pas capable de sortir son placenta?
Pourquoi cette étape est-elle si médicalisée?
Je ne remets pas en cause le fait de s’assurer du bon déroulement de la sortie du placenta. Il est important de surveiller cette phase.
Mais je pense qu’une intervention à outrance provoque les hémorragies! Alors que c’est ce qu’on cherche à éviter!
Ce qu’il faut savoir c’est qu’à la naissance du bébé, si on laisse le temps à la mère de découvrir son bébé, à son rythme, si on la laisse revenir dans la réalité ordinaire (au niveau cérébrale) au moment de la rencontre avec son bébé, il se produit un pic d’ocytocine (naturel), le plus fort taux de tout l’accouchement.
Ce pic d’ocytocine va provoquer les contractions nécessaires pour faire sortir le placenta naturellement.
En milieu médical, on estime que la maman sera trop perturbée pour produire efficacement ce pic d’ocytocine, donc on le remplace par une injection d’ocytocine de synthèse (Syntocinon®).
Je pense qu’effectivement le milieu médical ne favorise pas ce pic d’ocytocine au moment de l’arrivée du bébé : tout le monde est en effervescence, s’agite, parle, commente,…)
On pourrait d’ailleurs se demander pourquoi on va accoucher à l’hôpital alors?
Ou pourquoi ce moment n’est pas respecté?
Bon, ok, c’est un autre débat.
Donc l’ocytocine est injectée et on attend que le placenta soit expulsé. Mais… on n’en parle pas à la maman !
Ne serait-ce pas plus simple de lui rappeler doucement que l’accouchement n’est pas terminé, qu’il y a encore le placenta à expulser?
Je suis sûre que le fait de rester connectée à la sortie du placenta aide celle-ci à se faire.
Donc, NON… on attend, sans rien dire, mais en croisant les doigts pour que le placenta se décolle en 30 min et ne provoque pas d’hémorragie.
Puis, s’il n’est pas sorti, la sage-femme va tirer doucement dessus pour le faire venir. En fait, s’il est décollé mais pas sorti, il viendra facilement sous la tension du cordon.
Pourquoi est ce la sage-femme qui gère cela? Peut être parce que les soignants se sentent obligés d’agir, sinon ils se sentent inutiles?
Lors d’un accouchement à domicile il n’y a pas de perfusion d’ocytocine.
Les conditions sont bien meilleures pour laisser la maman au calme découvrir son bébé. Le pic d’ocytocine se fait donc naturellement. La sage-femme surveille (de loin), elle interviendra si elle détecte un problème.
Quand les contractions reprennent après la sortie du bébé, cela devient inconfortable pour la maman (qui n’a pas de péridurale) et elle éprouve souvent le besoin de se verticaliser : en s’accroupissant généralement. Lors d’une contraction, elle pousse et le placenta sort. La mère reste actrice de l’accouchement jusqu’à la délivrance du placenta.
Ensuite, il faudra vérifier que le placenta est complet. Une sage-femme peut vous expliquer comment il est formé.
Puis viendra le moment de repos pour maman et bébé, bien au chaud en peau à peau, avec ou sans placenta… tout simplement !
La sortie du placenta n’est pas plus compliqué que le reste de l’accouchement. Elle est même plus facile. Ce qui est important c’est de ne pas oublier qu’elle fait partie intégrante de l’accouchement. L’accouchement est dit « terminé » qu’une fois le placenta sorti.
La sortie du placenta ne nécessite pas, à priori, une intervention médicale. Sa surveillance par quelqu’un informé et formé est importante pour agir rapidement en cas d’hémorragie.
Les hémorragies seront d’autant moins fréquentes que la physiologie de l’accouchement sera respectée, délivrance comprise bien sûr!
Dans le cadre d’un accouchement en maternité, l’injection d’ocytocine est pratiquée en prévention car les conditions ne sont pas favorables à l’accouchement physiologique.
Et vous, comment se sont passées vos délivrances?
10 commentaires
Bonjour,
Merci pour votre article.
y a t-il des études prouvant qu’il faille attendre 30min avant de faire une délivrance artificielle?
pourquoi ne pas attendre plus longtemps? Toutes les femmes sont différentes et je suppose que 30 min est une moyenne.
Je vous remercie pour votre retour.
Bonjour,
Je ne sais pas pour les études, ce sont les recommandations qui préconisent cela. J’imagine qu’elles s’appuient sur des études où il serait montré que plus on attend, plus le risque d’hémorragie est élevé. Seulement comme maintenant on n’attend plus, on ne peut plus trop comparer… c’est comme si c’était devenu une réalité alors que peut être d’autres paramètres auraient du être pris en compte (stress, environnement…).
Dans certains cas d’accouchements à domicile, notamment des accouchements autonomes, on laisse plus le temps au placenta de sortir, parfois c’est beaucoup plus long, sans conséquence d’hémorragies.Et dans d’autres situations attendre causent des hémorragies. C’est complexe et je pense que ces protocoles ont pris trop d’importance, pour « se protéger » par rapport à une évaluation de la situation au cas par cas.
Bonjour, sur le sujet, voici une étude qui démontre que sur les femmes qui n’ont pas eu de péridurale, l’injection d’ocytocine de synthèse pour la délivrance ne réduit pas les risques d’hémorragie. Elle est donc inutile. https://www.cochrane.org/fr/CD007412/PREG_la-delivrance-du-placenta-au-troisieme-stade-du-travail
Merci Magali pour cette référence !
J’en profites pour te dire que je suis touchée que tu lises mes articles. J’aime beaucoup ce que tu fais.
Bonjour
Merci pour cet article très intéressant !
Avez-vous des sources scientifiques pour appuyer vos propos svp ?
Je cherche des renseignements pour refuser l’ocytocine de synthèse systématique à la délivrance mais la littérature scientifique que je trouve semble très largement converger en faveur de cette pratique.
Merci !
Marie
Dans la littérature scientifique effectivement à l’heure actuelle tout le monde s’accorde pour l’injection systématique d’ocytocine de synthèse à la délivrance. Il faudrait qu’il y ait d’autres études, peut être sur l’attachement pour que ça évolue, selon les résultats. Sinon pour un accouchement à domicile il n’y a pas cette injection d’emblée.
Bonjour,
Je suis tombé sur cette article (très intéressant) sur la délivrance du placenta car j’ai été à la maternité ou je vais accoucher et sur mon projet de naissance j’ai manifesté mon intention de vouloir attendre la délivrance naturelle du placenta et la sage-femme m’a dit que l’hôpital a une protocole d’injectée l’ocytocine juste après la naissance du bébé et qu’il n’était pas possible d’attendre ni 10, ni 20 ni 30 minutes, que c’était décidé par leur chef hospitalier, honnêtement ça me parait bizarre mais je n’arrive pas à trouver des renseignements concernant ce sujet.
Si jamais quelqu’un a des infos pertinentes concernant cette protocole je serai intéressé.
Merci pour l’article!
Bonjour Caroline, Effectivement à l’hôpital il est difficile de refuser l’injection d’ocytocine au moment où le bébé sort, où alors il faut signer des tas de décharges. Personnellement ce moment de l’accouchement étant si perturbé à l’hôpital je te conseille de l’accepter, c’est assez peu contraignant, et c’est en prévention des hémorragies. Par contre le placenta n’est pas obligé de sortir de suite, tu peux négocier qu’il le laisse sortir sans tirer dessus par exemple, qu’ils laissent du temps si tout va bien.
Bonjour,
Je viens d’apprendre que je suis enceinte, tout récemment et cela faisait 2 ans que je voulais me replonger dans mon dossier d’accoucher de ma première fille. Il me fallait du temps car pour elle j’ai subit une grosse hémorragie de la délivrance avec 3 litres de sang perdu. J’ai toujours eu des doutes quand au déroulement de cet après l’arrivée de mon bébé. Je me souviens simplement avoir eu mon bébé quelques minutes sur moi avant que la sage-femme me dise qu’elle « allait chercher le placenta ». Pour moi, j’étais trop absorbée par ma petite fille pour comprendre ce que cela impliquait. Avec le recule et mon dossier d’accouchement (interne à la maternité, je ne sais pas comment je me suis retrouvée avec ce document), je lis que ma fille est née à 10h07 et qu’à 10h15 elle décide d’enlever le placenta, à 10h18 elle appel l’équipe de garde et j’ai perdu 1,2 litre de sang. Evidemment, ma fille m’a été retirée, pas de première tétée, je vous passe les détails mais je n’ai revue ma fille et mon conjoint que le lendemain aux soins intensifs. Les suites ont été très compliquées avec une mise au sein extrêmement compliquée. A force de courage et d’insistance de ma fille et moi nous avons réussi au bout d’une petite semaine.
Aujourd’hui attendant mon second enfant, je me demande comment faire pour que cela ne se reproduise pas. Les projets de naissance ? Le nôtre n’a même pas été lu. Mon conjoint ne se sent pas l’accouchement à domicile car il a été traumatisé par notre premier accouchement. Quand est-ce que tout cela va changer ? Quand est-ce qu’on va réentendre et faire confiance aux bébés et aux mamans ? Merci pour votre article en tous cas. Julie
Merci Julie pour ton partage d’expérience. Peut-être que l’hémorragie avait déjà commencée? que c’est pour cette raison que la SF a voulu intervenir rapidement, car d’habitude ils laissent 30 min avant d’intervenir. En tout cas j’espère que ce n’est pas elle qui a provoqué l’hémorragie en voulant sortir le placenta trop tôt!
Pour répondre à ta question (j’aurai plein de choses à dire! lol) : pas de raison que cela se reproduise. J’ai eu une hémorragie pour mon premier enfant, pas du tout pour les suivants. Le projet de naissance est une bonne idée mais il faut le présenter en amont du jour J. Je t’invite à t’inscrire au Challenge Accoucher sans péri si c’est une option qui t’intéresse, je pense que ça peux t’apporter des éléments de réponses. Prends soin de toi et ta grossesse !