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"Mon vagin n'est pas un centre commercial"
Dès qu’une jeune fille devient jeune adulte, elle est fortement incitée à se rendre chez un gynécologue, pour vérifier que « tout » va bien et éventuellement se faire prescrire une contraception.
1er Rendez-vous, à peine informée, la jeune femme arrive dans un lieu qui lui est inconnu. Le médecin qu’elle voit pour la première fois lui demande de se déshabiller, parfois en entier, culotte comprise. Allongez-vous, écartez les jambes et c’est parti pour toucher vaginal, frottis, palpation des seins…
Est-ce vraiment normal?
Lors de la consultation gynécologique, il y a un accès au corps que je trouve intrusif, en particulier la banalisation du toucher vaginal. Le vagin est un organe sexuel, qui relève de l’intimité. Depuis qu’on est petite fille, on nous demande de cacher notre sexe par pudeur. Et là, tout à coup, devant un inconnu (puis plusieurs car les consultations gynécologiques se répèteront régulièrement au cours de la vie d’une femme) il devient « libre d’accès »?
"NON, mon vagin n'est pas un centre commercial !"
1. Le toucher vaginal pendant la grossesse
Vous avez connu les consultations gynécologiques de routine, pour vérifier que « tout va bien » avant de concevoir un enfant.
Ce n’était, certes, pas le meilleur moment de votre vie, mais vous avez fait « ce qu’il fallait ». Cela se répétait une fois dans l’année, ou tous les deux ans peut-être. Le temps de passer à autre chose avant le prochain rendez-vous.
Et vous voilà enceinte : vous êtes heureuse, un petit être commence à se développer dans votre ventre. C’est merveilleux.
Vous savez qu’un suivi de la grossesse est pris en charge par la sécurité sociale. Et puis vous voulez être sûre que tout va bien. Alors vous prenez rendez-vous… avec une sage-femme libérale, un gynécologue, la maternité… peu importe.
Saviez-vous, qu’à chaque rendez-vous, tous les mois, pendant toute la grossesse, vous allez avoir droit à un toucher vaginal?
« Vous allez avoir droit » n’est pas le terme approprié car il sous-entendrait que cela apporte un bénéfice, un droit. Or, quel est l’avantage à recevoir un toucher vaginal tous les mois? Aucun.
D’autres pays l’ont bien compris. En Angleterre, aux Pays-Bas et en Espagne, le toucher vaginal n’est effectué que sur signes d’appel, pas de manière systématique.
Le toucher vaginal a pour objet d’aller vérifier si le col de l’utérus est bien fermé, ou s’il s’est modifié ou à commencé à s’ouvrir. Si c’est le cas avant que la grossesse ne soit à terme, cela peut être embêtant et des précautions sont à prendre pour éviter un accouchement prématuré. Dans ce cas, du repos, en position allongée, sera préconisé.
Mais soyons sérieux : un col ne s’ouvre pas tout seul, sans signes avant coureurs.
Une maman qui est fatiguée, qui porte son bébé bas, qui reste souvent debout, qui fait beaucoup de voiture, qui a des contractions régulièrement, peut demander à faire vérifier son col, si elle le souhaite.
Une maman qui est en forme, dont la grossesse se déroule bien, qui prend soin d’elle, se repose quand elle en a beosin, n’a pas besoin de toucher vaginal tous les mois.
2. Refuser le toucher vaginal
Pourquoi recevoir un toucher vaginal par un professionnel de santé tous les mois?
Pour moi, cela relève du patriarcat mis en place autour de la naissance.
Patriarcat : Forme d’organisation sociale dans laquelle l’homme exerce le pouvoir dans le domaine politique, économique, religieux, ou détient le rôle dominant au sein de la famille, par rapport à la femme.
Larousse
La femme est infantilisée. On lui inculque, et ce dès qu’elle devient jeune femme :
- qu’elle n’est pas capable de s’occuper de sa santé gynécologique,
- qu’elle ne peut pas savoir elle-même si son col nécessite un examen ou pas puisqu’on lui impose à chaque consultation,
- qu’elle a besoin d’un professionnel de santé pour gérer cela,
- qu’elle est dépendante de ce toucher gynécologique,
- qu’elle se doit de l’accepter pour son bien et celui de son bébé,
- qu’elle ne doit pas être pudique,
- qu’elle ne doit pas considérer comme sexuel cet acte situé dans l’endroit le plus intime de son corps.
Et si on voyait les choses autrement?
- Si on apprenait à faire confiance aux femmes?
- Si on leur demandait comment elles se sentent pendant leur grossesse?
- Si on leur demandait si elles ont des signes qui indiqueraient une modification du col?
- Si on leur demandait si elles souhaitent un toucher vaginal?
- Si on leur apprenait, à toucher elle-même leur col? Le connaître et en sentir elle-même les modifications?
Tout cela est possible !
Le toucher vaginal n’est pas obligatoire pendant la grossesse. Vous avez le droit de le refuser pendant les consultations.
« Non merci, pas de toucher vaginal aujourd’hui, je n’ai aucun signe qui indiquent que j’en ai besoin ».
Cela implique que vous prenez la responsabilité de votre corps, de votre grossesse, de votre santé.
Attention ! les réactions du professionnel de santé peuvent être plus ou moins agréables.
Vous n’êtes pas responsable de ce qu’il va ressentir, lui aussi est conditionné depuis des années par ces procédures lors des consultations. Il n’en perçoit pas le côté anormal et abusif.
- Certains vont se mettre en colère, ils se sentent démunis en remis en cause profondément dans leur pratique.
- Certains vont insister, vous culpabiliser, pour que vous acceptiez et qu’ils soient rassurés d’avoir pu effectuer leur protocole.
- Certains vont accepter et simplement noter dans votre dossier que vous avez refusé le toucher vaginal pour se protéger.
- Certains d’emblée, ne font pas de toucher vaginal systématique. Ils le proposent à la femme à chaque rendez-vous, c’est elle qui décide. C’est plus rare, mais c’est un comportement adapté d’un soignant envers une patiente.
Je ne veux pas me faire l’avocat du diable du toucher vaginal. Si cela vous rassure de recevoir un toucher vaginal tous les mois pour connaître l’état de votre col, ne vous privez pas. Les protocoles actuels en comprennent un lors de la consultation. Cela vous évitera de vous battre sur ce point avec le personnel médical.
Si vous êtes mal à l’aise avec les touchers vaginaux tous les mois, vous avez le droit de refuser et nul ne peut vous l’imposer. La loi Kouchner de 2002 met en avant le consentement du patient pour tout acte médical effectué. Pratiquer un toucher vaginal sans consentement de la patiente, c’est un viol.
Se défaire de nos croyances pour adopter un autre point de vue n’est pas facile, aussi bien pour les femmes que pour les professionnels. Ce qui importe c’est de respecter le choix des femmes. Ce sont elles qui sont enceintes. Ce sont à elles de décider ce dont elles ont besoin pendant leur grossesse.
5 commentaires
Bonjour, j’entame ma dernière grossesse (3me) et l’idée que comme vous dîtes si bien mon vagin devienne un hall de gare, d’écarter les cuisses devant une ribambelle d’inconnus, me fait horreur. J’avais assez mal vécu que mon corps ne m’appartienne plus, mais je n’osais rien dire, j’avais un gynéco pour la 1ere très « paternaliste » allons allons pas d’enfantillage comment vous l’avez fait ? Et la 2eme une gynéco extrêmement désagréable et sèche que je n’ai osé refuser (j’oublie le prélèvement strepto b en fin de grossesse, en labo encore un inconnu!). J’ai décidé de me faire suivre par une sage femme, mais j’appréhende sa réaction quand je lui dirais non merci. Je vais lui dire des le début. Merci pour cet article si vrai
Je suis choquée (et pourtant je le sais!) par les comportements qui vous ont été imposés. « Comment vous l’avez fait? » pour justifier que lui puisse y mettre les doigts, quelle horreur! C’est ton vagin, c’est toi qui décide. Si la personne ne face n’est pas d’accord, c’est SON problème, pas le tien. Si tu as besoin, envie, que quelqu’un aille voir comment est ton col, c’est ok, sinon il n’y a rien d’obligatoire. Je suis sûre que tu vas trouver une SF respectueuse. Belle grossesse à toi.
Dur dur de s’imposer face au corps médical. Une sage-femme ne m’a pas laissée le choix, et m’a imposé un toucher (alors que ça avait été vérifié 14 jours avant). J’ai dû m’entretenir avec la cadre du service pour lui expliquer le non respect de mon choix. Elle m’a donné raison et m’a programmé un rdv avec une autre personne. Celle-ci n’a pas eu d’autre choix que de respecter ma demande justifiée par l’absence de contractions et le stade proche du terme. Par contre, ça dérange. On doit faire changer les choses et imposer nos conditions !
Effectivement il y a des habitudes prises qui ont la vie dure… comme si d’un toucher vaginal allait en dépendre la santé de la mère et du bébé ! Merci de ne pas avoir « laissé faire » et d’avoir fait remonter à la cadre, c’est comme cela aussi que les habitudes évolueront.
merci pour cet article! je n’ai pas eu un seul toucher vaginal pendant mes 3 dernières grossesses et j’ai mené mes bébés à terme! Le toucher vaginal ne sert à rien à part rassurer le personnel médical, mais le rassurer de quoi? bonne question