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Aujourd’hui je vous présente le débriefing de l’accouchement de Camille. Un accouchement qui s’est mal passé, non respecté, un accouchement traumatisant. Camille m’a contactée car elle a besoin de comprendre, de savoir « ce qu’elle a mal fait ou mal compris pour que les choses se soient déroulées comme ça ». Camille, ce n’est pas de ta faute, tu t’es pris de plein fouet l’accouchement médicalisé et j’en suis vraiment désolée pour toi.
Afin que cela n’arrive pas à d’autres femmes, Camille m’a confié son témoignage pour qu’il soit publié sur ce blog. Merci pour ta confiance Camille.
1. Le récit de Camille
« Bonjour,
Je vous envoie mon témoignage sur mon accouchement dans le Gard, à Nîmes, pour mon premier enfant.
Le vendredi 12 février je perds les eaux vers 16h30 j’arrive à la maternité à 19h30 toujours sans contractions. Là on me pose le cathéter car je suis positif au streptocoque B et je dois être sous antibiotiques.
Sujette aux malaises vagaux je demande la présence d’un d’hypnothérapeute comme nous propose le site de la maternité, on me dit qu’à cause du coronavirus ses services ne sont pas disponibles, idem pour la salle nature.
Je tombe heureusement sur une sage-femme très douce et tout se passe bien. On examine mon col qui est alors ouvert de 1cm comme la veille quand ma sage-femme libérale m’a examinée.
Les premières contractions apparaissent vers 21h pendant 1h celles-ci sont supportables et je marche pour accélérer la dilatation. Puis les contractions deviennent vite atroces, rapprochées d’une minute. Je m’allonge donc dans le lit car je n’arrive plus à rester debout.
Vers 2h du matin la sage-femme de garde vient me changer ma perfusion : première boulette elle me l’arrache à moitié du bras et mets du sang partout.
Vers 3h du matin la douleur n’est plus supportable, je suis épuisée je demande à voir où en est ma dilatation, je ne suis qu’à 2 cm. Je ne sais pas encore combien de temps les choses vont durer et je commence à fatiguer. Ma sage-femme libérale m’avait parlé de gaz hilarant ou de morphine au cas où la douleur soit trop intense, pour éviter la péridurale que je ne souhaitais pas avoir. J’en fais alors la demande. On m’explique qu’il ne possède pas le gaz hilarant dans la maternité et que la morphine ne se donne qu’à la fin de la dilatation.
Bouleversée et attristée je craque pour la péridurale car je ne me sens pas de supporter la douleur plus longtemps. Je tombe sur une anesthésiste particulièrement désagréable qui prend mal ma déception de choisir l’anesthésie et mes inquiétudes sur le fait d’être capable d’expulser mon bébé toute seule. Elle n’hésite pas à mal me parler et me brusquer.
A 3h30 du matin la péridurale est posée. Pendant la pose de celle-ci je manque de faire un malaise et on m’injecte un produit pour faire remonter ma tension sans me demander mon avis.
Suite à la pose de la péridurale, toujours sans me demander mon avis, on injecte ocytocine et spasfon pour accélérer la dilatation du col qui est très lente.
Après 4h de péridurale je commence de nouveau à sentir des douleurs, je cherche alors à appuyer sur le bouton me permettant de renvoyer une dose. J’appuie à plusieurs reprises mais cela ne fonctionne pas. J’en fais part à la sage-femme qui me dit en vain de réessayer. Les douleurs s’intensifient de plus en plus et redeviennent comme avant qu’on m’ait posé la péridurale.
Vers 10h je ressens l’envie d’uriner, je refuse la sonde urinaire, demande un pot. J’arrive à uriner de mes propres moyens (d’après ma sage-femme libérale ceci était une preuve que ma péridurale ne fonctionnait plus).
Vers midi je sens bébé pousser pour descendre je ressens vraiment l’envie de pousser mais on me dit d’attendre encore. A 12h30 la gynéco arrive enfin et veut me faire la sonde urinaire, je ne veux pas, et lui explique que je peux y arriver seule. La sage-femme lui indique que j’ai réussi seule il y a quelques heures mais la gynéco ne veut rien savoir. Lors de la sonde je hurle, la douleur est atroce.
L’expulsion commence enfin. Là je sens la gynéco écarter mon vagin avec ses mains, c’est horrible ça me fait un mal de chien, je lui répète à plusieurs reprises qu’elle me fait mal mais rien ne change. Elle essaie de me faire une épisio mais je me redresse pour la repousser. Après 45 min de poussées, bébé ne descend pas, elle me propose les spatules. Désemparée, j’accepte. Quand elle les pose je hurle, j’ai l’impression de me déchirer quand elle essaie de les écarter je me redresse essaie de l’enlever je hurle et supplie d’arrêter elle les enlève rapidement.
J’en suis à une heure de pousser et bébé ne descend pas. La gynéco retente rapidement l’épisio et ce coup-ci elle est plus rapide que moi et réussit. Je finis par voir noir et me dis que je vais mourir là avec mon bébé. Je finis par entendre dire « attend je m’occupe des épaules ». Là, sans réfléchir, je donne toute l’énergie qui me reste pour pousser et bébé sort enfin et on me le pose sur le ventre il était 13h58 cela faisait 1h30 que je poussais.
J’ai dû fortement insister pour que la gynéco fasse une anesthésie pour recoudre. Par la suite tout se passe bien mais je n’étais pas encore au bout de mes peines. Dans la chambre très vite je ressens une douleur au niveau du vagin j’en informe le personnel soignant chaque jour mais rien. Le dernier jour avant la sortie j’insiste pour qu’on regarde vraiment. Quelque chose dépasse de mon vagin et me fait très mal c’était une compresse qui avait été oubliée après avoir recousue l’épisiotomie. La sage-femme me la sortie comme ça alors que le sang avait séché et une fois encore cela me fait un mal horrible.
Je reste complètement traumatisée de cette expérience. »
2. Mon retour sur cet accouchement traumatisant
« On me dit qu’à cause du coronavirus, ses services ne sont pas disponibles, idem pour la salle nature. »,
Apprendre le jour J que les services sur lesquels on comptait ne sont pas disponibles peut être un facteur de stress dans le déroulement d’un accouchement. Le fait que Camille soit stressée par la pose du cathéter et que l’aide qu’elle a demandé n’était pas possible peut influer fortement sur le rythme de l’accouchement et le ralentir. Cela est à prendre en compte. Heureusement, une SF douce a pu accompagner Camille dans cette première difficulté.
« Les premières contractions apparaissent vers 21h pendant 1h celles-ci sont supportables et je marche pour accélérer la dilatation. Puis les contractions deviennent vite atroces, rapprochées d'une minute. Je m'allonge donc dans le lit car je n'arrive plus à rester debout. »
A la tombée de la nuit, quand le service s’apaise, les contractions commencent, ce qui est assez classique, et plutôt très bien, car Camille échappe ainsi à un possible déclenchement si les contractions avaient mis du temps à arriver. J’imagine donc qu’à ce moment-là, Camille est plus détendue.
Elle marche car elle a un projet d’accouchement sans péri et souhaite que les contractions soient efficaces. Elle est actrice.
Les contractions s’accélèrent, ce qui est plutôt bon signe aussi.
S’allonger pour se reposer et également une bonne idée en début de travail car nous avons besoin de produire les mêmes hormones que pour nous endormir pour accoucher. Je trouve donc que Camille a eu spontanément de bons réflexes. Le corps peut continuer son travail sans être entravé.
« Vers 2h du matin la sage-femme de garde vient me changer ma perfusion : première boulette elle me l'arrache à moitié du bras et mets du sang partout. »
J’imagine qu’à ce moment là le stress revient en force, ce qui n’est pas favorable dans le déroulé et le rythme de l’accouchement. Un stress en début de travail ralentit en principe l’accouchement (pour que la femme puisse se mettre à l’abri de ce qui la stress, avant de mettre son enfant au monde).
« On m'explique qu'il ne possède pas le gaz hilarant dans la maternité et que la morphine ne se donne qu’à la fin de la dilatation. Bouleversée et attristée je craque pour la péridurale. »
Je ne sais pas quelles sont les recommandations pour la morphine, mais effectivement dans un accouchement qui a l’air d’avoir du mal à démarrer, et qui est douloureux, sans soutien morale et physique, je crois qu’il vaut mieux prendre une péridurale pour se soulager et continuer d’avancer.
« Je tombe sur une anesthésiste particulièrement désagréable […] Elle n'hésite pas à mal me parler et me brusquer. »
C’est tellement facile de mal parler à une femme qui est sous notre contrôle absolu ! Profiter de la vulnérabilité de quelqu’un au lieu de la rassurer et la soutenir pour qu’elle prenne confiance est une maltraitance qui ne devrait pas être.
« Pendant la pose de celle-ci je manque de faire un malaise et on m'injecte un produit pour faire remonter ma tension sans me demander mon avis. »
Les chutes de tension sous péridurale ne sont pas rares, c’est un effet secondaire dont on omet de nous parler en amont. La péridurale a des avantages mais aussi des inconvénients, ce n’est pas le saint graal qui sauvent toutes les femmes qui accouchent. J’avais eu cette même complication à la pose d’une péridurale à mon 1er accouchement, cela nécessite l’intervention des professionnels, avec d’autres produits introduits dans notre corps. On perd petit à petit le contrôle.
« Suite à la pose de la péridurale, toujours sans me demander mon avis, on injecte ocytocine et spasfon pour accélérer la dilatation du col qui est très lente.»
A la suite de la pose d’une péridurale on sort de l’accouchement physiologique, et on entre dans l’accouchement médicalisé. A partir de ce moment, comme les soignants ont posé un acte médical, ils sont responsables du bon déroulement de celui-ci. Ce qui entraine surveillance et contrôle. Si un paramètre n’est pas bon, ils le rectifient. C’est pourquoi quand on accepte une première intervention médicale, il faut être conscient qu’il y en aura d’autres derrière.
La péridurale diminue la douleur mais a aussi tendance à diminuer les contractions, on injecte donc de l’ocytocine de synthèse pour « faire repartir la machine ». Comme la femme n’a plus mal, on lui injecte parfois des bonnes doses. Le Spasfon, lui, peut aider à dilater le col.
De plus, comme la poche des eaux dans cette situation est rompue depuis un moment déjà, le personnel soignant ne veut pas que l’accouchement s’attarde, car il y a risque d’infection pour le bébé. D’où les interventions pour accélérer les choses.
Par contre, dans son ressenti, Camille n’a pas été concertée, prise en compte. C’est comme si les soignants agissaient sur son corps sans tenir compte qu’il y a quelqu’un dedans, qui aurait eu besoin d’être rassurée, comprise et accompagnée dans ces étapes.
De plus si elle avait été partie prenante, elle aurait pu, elle aussi mieux accompagner cet accouchement, et moins le subir, rester présente et consciente à son corps et son bébé.
« Les douleurs s'intensifient de plus en plus et redeviennent comme avant qu'on m’ait posé la péridurale. »
La péridurale ne fonctionnait pas. Je ne sais pas pourquoi l’anesthésiste n’a pas été rappelé. Par contre, l’ocytocine de synthèse, elle, continuait sans doute à être injectée, donc je pense que les douleurs étaient peut-être bien supérieures à avant la pose de la péridurale, car des contractions sous ocytocine de synthèse, sont plus douloureuses que des contractions sous ocytocine naturelle.
« Vers midi je sens bébé pousser pour descendre je ressens vraiment l'envie de pousser mais on me dit d'attendre encore. A 12h30 la gynéco arrive enfin… »
Je ne sais pas si Camille a ressenti la poussée d’expulsion réflexe à ce moment-là.
Soit c’était le tout début et le fait de la perturber à ce moment là en lui disant d’attendre a à nouveau ralentit l’accouchement. Si c’étaient les poussées réflexes, Camille n’aurait pas pu arrêter de pousser sur commande. A moins que le bébé soit mal positionné et ne puisse pas s’engager correctement.
Soit ce n’était pas cela. Nous ne savons pas où en était la dilatation à ce moment-là, ni dans quelle position Camille a dû attendre. Si elle était allongée sur le dos (ce qui est probable puisqu’elle était branchée pour la péri et l’ocytocine), cela a pu empêcher le bébé de descendre correctement.
Le fait d’attendre le gynéco n’est pas justifié. Quand une femme pousse, la SF est formée et peut être la seule présente lors de l’expulsion. Le fait d’attendre le gynéco est une pratique souvent imposée aux femmes dans les cliniques privées, afin de facturer ce service, sous couvert de « plus de sécurité », mais pas en faveur de la physiologie.
« Lors de la sonde je hurle, la douleur est atroce. »
En cas de péridurale, la femme ne ressens plus envie d’uriner et la pose d’une sonde urinaire est faite avent l’expulsion. C’est infantilisant, contrôlant et sans réelle utilité dans cette situation puisque la SF a bien précisé à la gynéco que Camille venait d’uriner.
« Là je sens la gynéco écarter mon vagin avec ses mains, c'est horrible ça me fait un mal de chien, je lui répète à plusieurs reprises qu'elle me fait mal mais rien ne change. »
Pareil, lors d’un accouchement, il n’y a pas besoin de mettre les mains, ni d’écarter le vagin, ni de forcer le passage. C’est le bébé en descendant qui écarte le périnée, progressivement, de sa tête. Une fois sur place, cette gynéco avait l’air pressée d’en finir. Si son acte était vraiment nécessaire, elle aurait pu prendre le temps de l’expliquer, pour que Camille comprenne, l’accepte et fasse avec, et non pas le subisse dans l’incompréhension.
« Quand elle les pose je hurle, j'ai l'impression de me déchirer quand elle essaie de les écarter je me redresse essaie de l'enlever je hurle et supplie d'arrêter elle les enlève rapidement. »
Si on prend en compte que la péridurale ne faisait plus effet depuis un moment, oui utiliser des instruments tels que spatules ou forceps, qui vont à l’intérieur du vagin, sans anesthésie, est une torture. Il y aurait probablement pu avoir une anesthésie locale pour soulager.
« J'ai dû fortement insister pour que la gynéco fasse une anesthésie pour recoudre. »
Depuis quand recoud -t-on les femmes à vif ?!! Des anesthésies locales existent et devraient être utilisées d’office, pas sur supplication du patient.
Là encore, l’anestésiste aurait pu revenir pour vérifier la péridurale et pourquoi elle ne fonctionnait pas.
Encore des violences dans les suites de couches.
Je sais que parfois on ne voit pas, on ne comprend pas, on n’est pas des supers héros quand on est soignants, mais la bienveillance, la douceur, l’empathie auraient pu changer quelque peu le vécu de Camille.
« Je reste complètement traumatisée de cette expérience. »
C’est le mot de la fin de Camille.
Oui son premier accouchement a été traumatisant. Il va falloir du temps pour dépasser cette expérience, probablement revenir dessus pour l’assimiler et se projeter vers l’avenir, et peut être plus tard, vers un deuxième enfant. A ce sujet, vous pouvez lire l’article sur les accouchements traumatisants.
3. Quels conseils face à ce témoignage?
Pour les futures mamans qui arriveront jusqu’ici : la norme de l’accouchement en France est l’accouchement médicalisé, il faut vous attendre à ce que ce soit les actes médicaux qui vous accompagnent dès votre arrivée à la maternité, et pas ou très peu d’accompagnement humain.
C’est pour cela qu’il y important de choisir un accompagnant de confiance, pour vous soutenir, vous rassurer et faire le pont avec le personnel médical. Si cela n’est pas possible dans votre entourage, pensez aux services d’une doula.
Si vous souhaitez un accouchement non médicalisé, choisissez des lieux d’accouchement plus propices à cela, renseignez vous sur l’accouchement physiologique et préparez un projet de naissance.
Tous ces points sont bien sûr abordés en profondeur lors du programme Objectif Naissance que je propose. Il est spécialement conçu pour éviter tous ces désagréments et abus de pouvoir.
Camille, J’espère que mes mots apaiseront ton ressenti, je suis désolée de lire des témoignages comme le tien. Je fais de mon mieux pour apporter du soutien aux mamans qui ont vécu des accouchements difficiles, car je suis moi-même passée par là et je sais combien c’est difficile de se projeter vers l’avenir en positif.
Profite de ton bébé, raconte-lui son histoire de naissance, comme cela a été difficile pour toi, mais qu’il n’y est pour rien.
Et si l’envie d’un deuxième enfant arrive, prépare-toi à enfanter autrement… c’est possible, je l’ai fait et ça a changé ma vie.
Cette expérience te prépare peut-être à autre chose de fabuleux… je te le souhaite de tout mon cœur.
1 commentaire
Je suis de Nîmes aussi et j’entend que des horreurs des différences lieu d’accouchement de Nîmes je vais accoucher en novembre et j’ai choisi un aad après lecture de ce témoignage ça me réconforte encore plus dans cette décision