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A ma connaissance, il n’y a pas de statistiques mettant en évidence le nombre de femmes satisfaites ou non de leur accouchement, et, si elles n’en sont pas satisfaites, pourquoi.
Le Collectif Interassociatif Autour de la Naissance (Ciane) a une enquête permanente (depuis 2012) sur le déroulement des accouchements et la manière dont le vivent les femmes. Ce questionnaire aborde tous les sujets en rapport avec l’accouchement. Le contenu étant particulièrement dense et évoluant constamment, le Ciane communique sur les résultats par thématique. Pour en savoir plus : Enquête sur l’accouchement du Ciane.
Si on regarde le rapport de septembre 2010 sur le thème « Respect des souhaits et vécu de l’accouchement », on comprend que l’expérience de l’accouchement est bien vécue si les femmes ont exprimé des souhaits et qu’ils ont été respectés par l’équipe médicale. Si leurs demandes ne sont pas prises en compte, une grande partie des femmes vivent mal leur accouchement, au niveau physique, mais aussi au niveau psychologique.
1. Le vécu du corps
Lors d’un accouchement, tout passe par le corps. C’est le corps qui accouche, la femme doit quitter la zone du cerveau qui « réfléchit » pour aller se perdre dans un état de conscience modifié, dans lequel elle se laisse guider par son corps.
Le corps sait accoucher, c’est comme une mémoire ancestrale qui guide la femme pour mener à bien la naissance.
Quand ce processus est perturbé, par un environnement non intime et non sécuritaire, la femme ne peut pas partir en état de conscience modifié. Elle ne peut pas s’abandonner aux demandes de son corps.
Chaque intervention médicale, de la plus petite à la plus intrusive, modifie le cours de l’accouchement.
Et quand ces interventions sont mal vécues, parce que non-demandées par la femme, ou imposées, ou non-expliquées ou douloureuses, le corps retient en mémoire ces souvenirs de non-respect et de violence. Cela peut aller jusqu’au traumatisme.
Lors de mon premier accouchement, j’ai vécu un traumatisme. j’ai mis longtemps à comprendre que ce qui en a été le déclencheur était que je n’ai pas su/osé dire « non » à des interventions médicales que mon corps n’allait pas supporter. Je le sais, je suis assez sensible concernant tout ce qui concerne le corps. Aller voir quelqu’un à l’hôpital me donne des palpitations. Les récits d’accidents me font tomber dans les pommes. Je n’ai jamais été hospitalisée avant ma première grossesse.
Pour mon accouchement, pensant que je n’avais pas le choix et croyant que tout allait bien se passer si je laissais faire l’équipe médicale, j’ai commencé à accepter des interventions, plutôt classiques, telles que la pose de cathéter, puis la rupture de la poche des eaux. Je me suis conditionnée mentalement à recevoir des actes sur mon corps. J’avais préparé ma tête… mais mon corps, lui, n’a pas été d’accord pour recevoir ces interventions. Il n’a pas réagi comme « il aurait fallu », les interventions se sont alors succédées, enchainées, l’une entrainant l’autre… Rien ne se passait comme prévu. Cela a entrainé des conséquences graves, une opération importante.
Et mon corps a été traumatisé… pour la vie.
2. Le vécu du mental
Le traumatisme du corps est une chose assez évidente à comprendre quand il s’est passé des choses graves à l’accouchement. Mais il est aussi assorti du vécu psychologique.
Des interventions à outrance, ou simplement non-consenties par la femme sont des sources de traumatisme mental, même si le corps réagit bien aux actes et que l’accouchement se déroule sans complication.
La loi Kouchner de 2020 prévoit que le patient doit recevoir une information loyale, claire et appropriée pendant ses soins. Cela s’applique à l’accouchement.
Cette même loi prévoit aussi que pour tout acte médical le consentement libre et éclairé du patient est nécessaire. Cela s’applique aussi à l’accouchement.
Bien trop souvent, pendant les accouchements, les soignants enchainent des actes médicaux parce-qu’ils sont prévus dans le protocole de l’hôpital. Ces actes sont pratiqués sans en informer la femme, ni lui demander son accord. Celle-ci n’est donc pas reconnu dans son intégralité, elle n’est plus libre de son corps, elle devient dépendante d’interventions dont elle ne connait ni les avantages, ni les inconvénients.
Au lieu de vivre la pleine puissance de sa féminité pendant l’enfantement, elle est dépossédée de son accouchement.
C’est un ressenti que connaissent beaucoup de femmes. Beaucoup d’entre elles l’accepteront, heureuse d’avoir leur bébé en bonne santé dans leurs bras. Certaines en garderont un goût amer. Quelques unes en resteront traumatisées.
Si en plus l’accouchement s’est mal passé, le traumatisme physique et mental s’ancre profondément dans la vie de la femme.
3. Le syndrôme de stress post-traumatique
Vous avez mal vécu votre accouchement?
Vous êtes sujette à une grande anxiété quand vous repensez à ce jour?
Quand vous retournez sur les lieux?
Vous avez des insomnies?
Vous pleurez beaucoup?
Vous vous repassez en boucle l’enchaînement des évènements?
Peut-être souffrez-vous du syndrome de stress post-traumatique.
Ce syndrome est le même pour toutes les personnes qui vivent un évènement violent : guerre, blessure, viol, accident, catastrophes naturelles, attentas, violences familiales…
Il peut être une conséquence d’un accouchement traumatique.
« Un évènement est « traumatique » lorsqu’une personne s’est trouvé confrontée à la mort, à la peur de mourir ou à de graves blessures, ou lorsque son intégrité physique ou celle d’une autre personne a été menacée. Cet évènement doit également provoquer une peur intense, un sentiment d’impuissance, ou un sentiment d’horreur. »
Americain Psychiatric Association, 1994
Cet évènement traumatique est à l’origine du syndrome de stress post-traumatique.
Pour divers évènements déclenchants (catastrophes naturelles, attentats, accidents…) des prises en charge psychologiques sont organisées rapidement (cellule d’urgence). Mais pour d’autres, comme un accouchement traumatique, peu de choses sont faites, car souvent l’évènement n’est pas reconnu comme tel.
En face d’une femme qui a subit un choc post-traumatique on retrouve encore bien trop souvent des soignants et un entourage qui affirment que « tout va bien maintenant » : la mère et le bébé sont sauvés, il faut donc passer à autre chose.
Lors de mon accouchement traumatique, une psychologue est passé me voir dans ma chambre pendant mon séjour à la maternité. Elle est venue se présenter et m’a juste dit que si j’avais besoin je pouvais la contacter…
C’est tout…
J’aurai tellement eu besoin qu’elle prenne du temps pour moi à ce moment là, pendant le séjour à la maternité.
Elle n’est pas repassé me voir… je n’ai jamais osé la recontacter…
Cela m’a pris des années pour prendre la décision de revenir sur cet évènement traumatisant et en « guérir ».
Comment avez-vous vécu votre accouchement? Avez-vous subi un traumatisme? En aviez-vous conscience? Qu’avez-vous entreprit pour aller mieux?
Ton histoire m’intéresse, n’hésites pas à me contacter par mail pour me la raconter. Je l’accueillerai avec respect et bienveillance.