Voici le témoignage de Maria, que j’ai interviewée à propos de la naissance de son troisième enfant, à domicile, après deux accouchements en maternité.
Maria, suite à tes deux accouchements classiques en maternité, pour ton troisième enfant, tu as fait le choix d’un accouchement à domicile. Pourquoi as-tu fait ce choix ?
J’ai rencontré beaucoup de femmes, qui avaient choisi d’accoucher soit à domicile, soit naturellement, soit qui l’avaient déjà fait ou qui étaient en cours de réflexion.
Cela m’a donné envie de reprendre ce pouvoir-là. Et j’ai eu l’impression que j’avais loupé quelque chose lors de mes deux premiers accouchements en me laissant complètement faire.
Le 3è enfant n’était pas forcément prévu au programme, et quand il est arrivé je me suis dit que c’était le moment où jamais !! Car je choisissais de ne pas avoir d’autres enfants.
Qu’est ce qui était important pour toi dans ce choix ? Quelque chose qui te tenait à cœur, ou une attente particulière ?
Ce qui m’avait troublé à mon deuxième accouchement (pas pour le premier) c’est que j’ai accueilli un bébé, et je n’étais pas en famille. Accueillir une nouvelle personne dans la famille sans être en famille. Je trouvais cela vraiment difficile.
Et puis je voulais vraiment que mon bébé puisse connaitre la naissance la plus naturellement possible.
Alors, comment as-tu vécu ton accouchement à domicile ?
Bien ! (rires)
Est-ce qu’il y a des moments particuliers que tu as vécu à domicile et que tu n’aurais pas pu vivre à la maternité ?
Oui.
Déjà j’avais envie d’être entourée de femmes, et je n’aurais pas pu le vivre à la maternité. Des femmes que je connais et que j’aime.
J’étais entourée de ma famille, mes enfants.
J’ai pu manger et boire jusqu’à… tout le temps. Quand je voulais en fait ! Cela ça m’avait beaucoup peiné pendant mes deux premiers accouchements parce que je me suis dis que je n’avais pas de force du coup pour accoucher.
Et puis il y avait de la musique.
Tout le monde était à mes petits soins. J’avais besoin d’être entourée, d’être maternée, cela n’aurait pas pu être le cas à l’hôpital de cette manière là.
Quel est ton meilleur souvenir ?
Alors forcément la venue de mon bébé c’est mon meilleur souvenir.
Mais à un moment donné j’ai eu l’impression vraiment d’être à l’accouchement que je voulais, quand j’ai pris ma douche et que j’entendais tout le monde rigoler à l’extérieur, manger, les enfants qui gazouillaient. Là je me suis dit que j’étais bien. J’étais juste… à ma place.
Et surtout ne pas ressentir du tout de coupure. Avec les deux premiers, je n’avais pas ressenti la coupure, mais quand j’ai eu le troisième, quelques jours après avoir accouché, je me suis dis « en fait, c’est la continuité, j’ai accouché, je l’ai allaité, je l’ai porté, et j’ai changé sa couche… enfin : j’ai mis une couche déjà ! ».
Tout a été fait dans la continuité. A la maternité, il fallait que je redemande pour mettre une couche, pour mettre correctement au sein, tout. Après, c’était le troisième aussi, mais quand même. Là j’ai eu l’impression d’être capable naturellement, tout de suite. C’était la suite, le continuum.
C’est le fait d’aller à la maternité qui faisait une rupture ?
En fait c’est surtout après l’accouchement, ils le prennent, ils le lavent, donc on n’est pas tout de suite dans l’élan de l’avoir sur soi, et de s’en occuper. C’est quelqu’un qui s’en occupe à ta place, et après ils te le donnent et ils te demandent si tu as besoin qu’on t’explique comment s’occuper de ton bébé. (rires).
Enfin je l’ai vécu comme ça. Par exemple, pour mon 2è, quand je suis allée à la maternité, je mettais encore des couches à mon premier et j’ai redemandé comment changer mon bébé que je venais d’avoir, alors que l’autre avait encore des couches. Donc bon, c’est bête.
Tu avais l’impression de perdre tes capacités ?
Ben de ne pas être capable tout simplement ouais. Alors que je le faisais… tous les jours !
Alors que là, non, je n’ai pas eu ce sentiment de ne pas être capable.
Et puis ça m’a donné une confiance en ma capacité de mon propre corps de mettre au monde. Ça n’a pas de prix en fait. Non mais c’est vrai. Je veux dire, c’est complètement différent d’un autre accouchement. Les autres accouchements, j’ai été à la maternité, le médecin m’a accouché, les sages-femmes étaient là pour m’accoucher. L’anesthésiste m’a aidé à accoucher.
Et là, j’ai accouché. C’était différent. Bien que j’ai été très entourée.
Si tu pouvais changer quelque chose dans ton accouchement à domicile, qu’est-ce que ce serait ?
Si je changeais quelque chose ce serait que mon mari s’informe plus, parce que j’ai eu l’impression qu’il était effrayé, et ça me déconnectait un peu. Et puis, la sage-femme, j’aimerai bien qu’on n’ait pas le stress de l’appeler. Ça c’était un peu pénible. Je n’ai pas eu l’impression quand j’ai accouché que ça m’avait posé un problème mais quand même, les personnes qui étaient présentes, m’ont dit que l’accouchement s’est accéléré quand la sage-femme a été au courant.
Si tu mettais une couleur sur ton accouchement, ce serait quoi ?
[réflexion] … J’ai plein de choses qui me sont venues. J’ai eu bleu/vert pour un peu serein.
J’ai eu forcément le rouge car un accouchement c’est intense.
Et puis y’avait tellement de gazouillements, de petits papillons, ça faisait arc-en-ciel.
Je ne peux pas mettre une couleur vraiment, y’a tellement de passages dans l’accouchement.
Et puis mon bébé était bleu aussi… mon petit schtroumpf.
Et si tu mettais une émotion ou un sentiment sur ton accouchement ?
Bien entourée…. Serein… Cocoonée
Bon après, faut dire ce qui est, c’est quand même douloureux un petit accouchement. Mais quand même… c’était pas mal !
Dernière question : as-tu un conseil pour une maman enceinte qui prépare son accouchement ?
Prendre une doula !
Tu peux développer un peu car je ne saisis pas le lien ?
Que dès la grossesse elle se dise qu’elle est capable.
Que dès la grossesse elle se renseigne auprès des femmes.
Beaucoup se renseigner.
Une doula peut répondre à toutes ses questions.
Je pense qu’en fait on manque d’informations sur la grossesse et l’accouchement.
Parce que les seules informations qu’on a ce sont les préparations à l’accouchement, soit classiques, soit autres. Mais même si c’est les autres, ce n’est pas assez.
Dans les préparations, on est orienté.
Pour ton premier accouchement, quand tu te renseignes, tu n’as pas les informations. Tu n’as que les informations qu’ils veulent bien te donner.
Si tu vas chez quelqu’un pour l’accouchement à domicile, tu vas avoir des informations pour accoucher à domicile.
Si tu vas à la maternité, tu n’auras que les informations comme quoi il n’y a pas d’autres solutions que d’accoucher à la maternité.
Je trouve cela très très triste qu’on n’ait pas le pouvoir de choisir.
Et si on choisit d’accoucher à la maternité quand même, de se préparer un projet de naissance pour être écoutée. Car sinon on subit tout.
Merci à Maria pour sa confiance et son témoignage ! Si toi aussi tu souhaites témoigner de ton accouchement (qu’il se soit bien ou mal passé), contacte-moi ici. Les femmes ont besoin de ces informations là !
1 commentaire
Merci Marie-Laure pour m’avoir accordé du temps et surtout d’être là. Félicitations pour tout ce que tu fais c’est tellement précieux, toutes les femmes devraient pouvoir avoir cette chance, être accompagnées, chouchoutées et surtout être informées et du coup libres de faire un choix de naissance en conscience de ce qui est vraiment possible. Merci