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Parfois je reçois des messages, comme celui-ci, d’une maman qui en a gros sur le cœur, qui a vécu des choses difficiles et qui a juste besoin d’une oreille attentive pour déposer ce qu’elle vit, et repartir un peu plus légère.
Cela fait partie intégrante de mon métier de doula. C’est l’essence même de mon métier je dirais. Savoir écouter, accueillir, sans jugement.
C’est quelque chose que je sais faire naturellement depuis longtemps, cela ne me demande pas d’effort. C’est pour cela que parfois je dis que j’étais doula avant d’être en formation de doula.
Voici donc un témoignage que j’ai reçu et que je tiens à vous partager car il montre comment il peut être difficile parfois de se positionner face aux soignants dans une maternité.
Face à « ceux qui savent », nous nous sentons petits. Nous refoulons ce que nous ressentons, pour écouter, « faire bien » et nous adapter.
Mais l’accouchement n’est pas une adaptation. L’accouchement se vit de l’intérieur, c’est une transformation qui ne demande aucun ajustement sinon celui de s’écouter vraiment.
1. Récit d’une maman
« Bonjour, je vous écris pour parler de mon accouchement dans un hôpital parisien. J’ai mal vécu l’accouchement. On m’a déclenchée vu que j’ai le diabète gestationnel à 39 SA.
J’arrive à l’hôpital et le col était à 2 doigts. La sage-femme me pose le tampon et elle me dit que ça va prendre 24h. Elle me dit je peux aller manger et faire un tour mais les douleurs m’en ont empêché au bout d’une heure.
Après 2h elle m examine, j’étais à 3cm, les douleurs commencent à devenir plus intenses. Après encore 1h, elle trouve le col ouvert à 5cm, sachant que j’ai demandé la péridurale mais l’anesthésiste était occupée. Elle me ramène doliprane pour me soulager mais ça ne m’a rien fait.
Elle part et revient après 1 heure, j’étais ouverte à 9 cm et à ce moment-là elle a enlevé le tampon.
À 10 cm l’anesthésiste m a posé la péridurale vu que le rythme cardiaque de bébé a baissé. Bref j’ai accouché 1h après la péridurale, l’expulsion a duré 10 min et j’ai rencontré mon bébé mais la fin était désagréable.
J’ai eu une hémorragie et j’ai perdu 1,5 litre de sang.
On m’a gardé la nuit sous surveillance. J’ai vu mon bébé le lendemain c’était trop dur pour moi.
J’ai gardé des mauvais souvenirs je vous avoue.
En plus le post accouchement était pénible j’avais plus de force.
Et j’ai eu du mal pour avoir du lait.
Je me suis renseignée sur ce que la sagefemme a fait, il fallait enlever le tampon à 3 cm mais cela n’a pas été pas le cas malheureusement… ».
2. Les points à relever
Bien sûr je n’étais pas présente à cet accouchement. Je ne peux pas me permettre de juger ce qui s’est passé. Mais certaines choses m’interpellent. Je voudrais donc revenir dessus pour vous aider à y voir plus clair, décortiquer certaines actions et vous permettre de réagir si à votre tour vous y êtes confrontées.
Cette phrase prononcée par une maman n’est pas à prendre à la légère. Quelque soit ce qui s’est passé, ce qui compte c’est son ressenti.
Les mamans qui vivent mal leur accouchement s’entendent trop souvent dire « allez c’est bon, tu vas bien, ton bébé est en bonne santé c’est le principal ». Alors oui bien sûr que l’important c’est que le bébé (et la maman) soient vivants et puissent construire quelque chose ensemble.
Mais ce n’est pas ce que cette maman dit. Elle dit qu’elle a mal vécu son accouchement, qu’elle a mal vécu la naissance de son enfant, que c’est difficile pour elle.
C’est quelque chose de très fort et qu’il convient d’écouter vraiment et de prendre en considération car c’est sa vérité à elle. Le nier ne l’aidera pas à aller mieux… au contraire.
Il existe plusieurs types de déclenchement, selon l’état du col (mature ou non) au moment du déclenchement.
Ici il s’agit d’un déclenchement par tampon, le col était donc sans doute non favorable. Un tampon imbibé d’hormones (prostaglandines) est placé dans le vagin pour faire maturer le col. Cela peut durer plusieurs heures.
Par la suite, l’accouchement peut se poursuivre « normalement » si les contractions se mettent en route d’elles-mêmes. Sinon il se peut que le déclenchement se poursuive avec une perfusion d’ocytocine.
Dans cette situation, on ne sait pas trop comment s’est poursuivi l’accouchement. Il se peut même que la maman ne le sache pas. En effet, quand on vous pose une perfusion il est fréquent qu’on ne vous précise pas si on vous injecte des produits ou médicaments à l’intérieur. N’hésitez pas à toujours demander à être avertie avant qu’on vous fasse n’importe quel geste médical.
Comme on ne sait pas si elle avait de l’ocytocine de synthèse dans sa perfusion, deux points de vue :
- Soit elle recevait de l’ocytocine et dans ce cas les contractions sont beaucoup plus fortes et moins supportables que des contractions « normales ». Cela peut expliquer que la maman se plaigne d’avoir mal.
- Soit elle ne recevait pas d’ocytocine et dans ce cas son corps à fait un formidable travail, le col s’est dilaté vite et sans problème, son accouchement se passait très bien (mais apparemment on ne le lui a pas dit).
Dans tous les cas, il me semble qu’à ce moment-là, la maman aurait eu surtout besoin de soutien, de quelqu’un qui lui explique que tout allait bien que c’était super. Je suis sûre qu’elle aurait vécu les choses différemment.
Alors là ! Je crois que ça va être mon coup de gueule !
On ne pose pas une péridurale à 10 cm de dilatation étant donné que le plus gros du travail est fait !
On accueille la maman dans ce qu’elle vit, on lui donne de l’amour, on l’encourage et ça le fait !
Je ne comprends pas non plus qu’on fasse une péridurale car le rythme du bébé baisse. Mais il nous manque surement des infos.
A mon sens :
1/ cela peut être normal que le rythme du bébé baisse à ce moment-là car on est tout proche de l’expulsion. Les bébés ont une grande capacité d’adaptation de leur rythme cardiaque pendant l’accouchement.
2/ Faire une péridurale risque de faire baisser encore plus le rythme cardiaque du bébé.
3/ Si une césarienne est envisagée car bébé en danger, oui, une anesthésie est recommandée. Mais ce serait plutôt une rachianesthésie.
Cette maman a clairement manqué d’informations sur cette phase-là.
N’hésitez pas à toujours demander une information claire (loi Kouchner de 2002)
Oui c’est normal étant donné que la péridurale a été posée à 10 cm de dilatation. La péridurale posée à ce stade là ne sert à rien. Au contraire elle entrave même :
- La mobilité de la mère
- Les poussées d’expulsion (la femme ne sait plus quand et comment pousser puisque le bas de son corps est anesthésié)
- La descente du bébé, puisque la femme est alors généralement allongée sur le dos.
Beaucoup de circonstances peuvent expliquer une hémorragie, et la plupart ne sont pas du fait que la maman n’a pas fait son job comme il faut.
La plupart des hémorragies sont provoquées par les protocoles médicaux qui entravent l’accouchement physiologique. Pas toujours, d’accord, mais quand même, cela vaut la peine de la savoir.
J’ai moi aussi fait une hémorragie à la naissance de mon premier enfant, et nous avons été séparées, je comprends donc d’autant plus comme c’est difficile.
Et c’est normal dans ces conditions. On attend souvent que le jour de la naissance de notre bébé soit le plus beau jour de notre vie. Malheureusement ce n’est pas toujours le cas. Et il est difficile de se remettre de cette déception. Je compatis vraiment, étant moi-même passée par là. ❤️
Après une hémorragie on n’est pas en forme, c’est « normal » que le début d’allaitement soit plus difficile.
Il va falloir se reposer +++, pour ré-augmenter le volume sanguin, et relancer la production de lait, car les deux sont liées.
Là j’avoue que je ne sais pas. Mais je trouve anormal que l’on ait besoin de se renseigner sur ce que les soignants doivent ou auraient dû faire.
3. Ma réponse à cette maman
En plus de quelques unes des remarques que j’ai fait dans l’analyse de la situation, voici ce que j’ai répondu à cette maman :
» Pleure ce que tu as à pleurer, entoure-toi de personnes soutenantes qui peuvent comprendre (la plupart des gens ne comprennent pas car ils pensent que les « soignants » ont fait leur boulot, et t’ont sauvé la vie) : SF, doula, thérapeute qui comprend.
Et profites de ton bébé maintenant, peau à peau, repos, ça va faciliter ton allaitement.
Je t’envoie tout mon soutien. »
J’espère de tout cœur que cette maman trouvera la paix dans son cœur et dans son corps, ainsi qu’avec son bébé.
Et qu’un prochain accouchement sera plus doux.
Toi aussi tu as envie de partager un témoignage ?
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