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Caroline nous délivre ici le récit authentique de son 2ème accouchement.
Depuis le début de ses maternités, Caroline est déjà « convaincue » par l’accouchement naturel.
Pour son 1er enfant, elle avait prévu un AAD qui a tourné au transfert pour déclenchement de dépassement de terme.
Du coup pour le 2ème, vu qu’il n’y avait pas de sage femme AAD dans son coin (région différente du 1er enfant), le couple a opté pour une Maison de Naissance, la Casa de Naissance, à Aubagne.
Pendant sa grossesse, elle a vraiment travaillé sur son positionnement face au corps médical, notamment grâce au challenge Accoucher sans péri qu’elle a suivi, le compte @naissance.non.violente et notre rendez-vous individuel en visio.
Le récit de Caroline
Mon accouchement aura duré longtemps une fois de plus 😉.
Pourtant on m’avait dit « tu verras c’est un 2ème ça ira vite, le passage est fait ! », oui oui… et pourtant
j’étais sûre que cette fois-ci j’accoucherai vite, tellement vite que je n’aurais pas le temps d’aller à
l’hôpital et que nous aurions un ANA juste avec ton papa.
Eh bien non pas du tout !
Cela démarra le samedi 15 juillet, nous avons mangé au restaurant à Bandol, et j’avais quelques petites
contractions. Rien de méchant. C’était marrant d’être en terrasse au milieu des touristes et de sentir
qu’en moi, cela se préparait.
Chouette cela se met en place 😉, les contractions continuent dans la nuit. Je ne dors pas, je les ressens
dans mes psoas. Bizarre, c’est douloureux mais pas là où je m’y attendais.
Je ne les supporte qu’en étant debout et le corps étiré vers l’avant. Pour ma fille, à la grossesse précédentes, c’était dans le dos car elle était en postérieur.
Donc je n’aurais jamais ressenti de contractions dans le ventre sauf pour ma fausse-couche tardive.
Dans la nuit, mon appli me dit parfois de partir à la mater, d’autres fois que le travail n’est pas installé.
Bref, je sais que c’est juste un pré travail.
Dimanche, je suis très fatiguée car cela a duré toute la nuit, mais en journée les contractions s’arrêtent. Nicolas me masse dans l’après-midi je m’effondre de sommeil pendant 2 h.
Le soir, les contractions reprennent un peu plus vivement, j’ai de bonnes contractions mais irrégulières
et dans la nuit le rythme s’accélère ainsi que les douleurs. Je suis debout toute la nuit à gérer ces
contractions.
Au petit matin, cela semble s’accélérer, du moins ça ne diminue pas. Nicolas prend l’initiative d’appeler la sage-femme de garde de la maison de naissance, Gwenaëlle. Nous sommes le lundi 17 juillet, il est environ 8h.
La route de Mazaugues à Aubagne (45 minutes) se passe bien malgré les nombreux virages, je maintiens ma respiration et reste plutôt calme.
Arrivée à la maternité vers 9h, Nicolas me dépose et va garer la voiture à l’extérieur. Je suis examinée
par Gwenaëlle, je suis à 4 cm, chouette ! Tout se présente très bien.
Comme une maman est déjà en train d’accoucher à la Casa (la salle nature), nous allons dans notre chambre 103 le temps que la casa se libère. Nous gérons les contractions très calmement toute la journée, nous rigolons, nous nous reposons. Parfois je médite, je reste calme et posée, parfois je me lève pour m’étendre encore vers l’avant contre un mur.
Je me sens dans une bulle hors du temps.
Les contractions sont plutôt faciles à gérer et vers 18h je ressens un changement significatif de
fréquence et d’intensité. La casa se libère, nous y allons et quand Gwenaëlle m’examine je suis à peu
près à 8 presque 9, yes ! Tu seras bientôt dans nos bras d’ici 1h ou 2 normalement… ha ha …
A ce moment, j’ai bien mal au psoas, les contractions sont violentes, je me suspends à des lianes. Nicolas
me presse très fort dans les reins cela me fait beaucoup de bien (il le fera pendant 6 longues heures).
La sage-femme est géniale, très compréhensive, douce, encourageante. Bref, je me sens en sécurité et
très bien accompagnée.
Je prends un bain rapidement mais il ne me soulage pas du tout car je ne supporte pas la position à 4
pattes, ni penchée en avant. Il faut toujours que l’avant de mon corps soit très étiré, donc plutôt sur mes jambes et les bras en l’air.
Les heures passent ainsi, gérant chaque contraction, les unes après les autres.
Il ne se passe que quelques dizaines de secondes entre chaque, voire simplement 10 secondes.
Gwenaëlle m’aide, encore et toujours.
Je fais des sons graves, mais j’ai de plus en plus mal et j’ai l’impression que je vais m’évanouir à chaque début de contraction. Cela fait quand même 24 heures que j’y suis, et m’apprête à entamer ma 3ème nuit blanche.
La douleur commence à être forte mais tu ne descends pas dans mon bassin.
Alors vers 21h environ (je n’ai pas le souvenir exact), on perce la poche des eaux et il y a beaucoup
d’eau. Rien n’y fait. On tente différentes positions. Du moins celles que je suis capable de gérer, car je
suis de plus en plus épuisée.
Je suis passée de la suspension à allongée sur le côté sur le lit. La garde de Gwenaëlle prend fin et celle
de Mathilde démarre. Chouette, c’est notre sage-femme ! 😉
Mathilde continue de me soutenir et de m’encourager. Nicolas est aussi un mari parfait qui m’encourage, il est là.
Mais tu ne descends pas, bien que je sois complètement dilatée, ouverte et très souple selon l’examen.
Mathilde essaye de me faire pousser une ou deux fois pour voir si ça débloque quelque chose mais
non.
A aucun moment, elle ne me propose la péri, elle sait à quel point je tiens à cet accouchement naturel.
Au bout de 6h environ je souffre énormément, je pleure, me tords de douleur je ne sais plus comment me mettre. Je dis que je n’en peux plus, pour autant Mathilde me soutient toujours et essaye au maximum de faire en sorte que je n’ai pas de péridurale.
Mais tu n’es toujours pas dans mon bassin, que se passe-t-il ? Qu’est-ce qui bloque ? J’avoue que les
pensées noires arrivent, je commence à m’inquiéter. Vas-tu réussir à sortir de mon corps ? Vais-je devoir
passer par une césarienne ? Ces pensées sont fugaces.
Mathilde pense que ta tête est légèrement défléchie, et moi, au bout du bout après 6 h de contractions
à dilatation complète, je demande la péri. Je suis transférée dans la salle d’accouchement classique. Là, j’avoue que j’ai vraiment apprécié la maison de naissance et la proximité de la maternité. Moi qui critiquais cet aspect, j’étais bien heureuse de n’avoir que 10 mètres à parcourir.
Je gère encore des contractions du mieux que je peux, heureusement ton cœur va super bien il n’y a pas d’urgence.
Après la pose de la péri, qui fut d’ailleurs très bien dosée, c’est-à-dire pas trop, je me relâche enfin. Je ne
souffre plus, mais continue de ressentir les contractions. L’équipe qui m’accompagne est extraordinaire.
La gynéco de garde m’examine et nous faisons une écho, rien ne bloque tu es même en position
antérieure, tout se présente super bien. On me laisse 1 h tranquille pour me reposer, Nicolas qui m’a vu
réellement souffrir et comme groggi, nous venons de traverser une sorte de tsunami.
C’est une nuit de nouvelle lune et le service est plein, beaucoup de mamans accouchent. Au bout d’une
heure c’est le moment de pousser même si tu n’es pas encore sur le périnée mais plutôt dans le détroit
moyen de mon bassin. Je commence à pousser. C’est un peu laborieux mais apparemment efficace.
Mathilde, est toujours présente avec la sage-femme de l’hôpital. On me conseille sur la poussée mais
on me laisse aussi très libre de faire comme je le sens pourvu que ce soit efficace.
Au final c’est la poussée bloquée où je sens que j’ai le plus de force (bien que ce ne soit pas conseillé pour le périnée, mais c’est ça qui a marché pour moi).
Je pousse environ 30 min et vers la fin je commence même à sentir vraiment ce qui se passe, ainsi que la fameuse poussée réflexe que je rêvais de ressentir.
Les dernières poussées sont continues, et c’est d’ailleurs le seul moment de l’accouchement où je me sens être partie « ailleurs » dépassée par une force supérieure. L’équipe m’encourage. C’est génial. Tellement différent de l’accouchement de Jeanne. Je suis soutenue par Nicolas, Mathilde, ainsi que Pauline, la sage-femme de l’hôpital et l’auxiliaire puéricultrice, qui sont adorables.
Je précise que je suis allongée sur le dos et légèrement relevée ce qui fait que je n’ai pas la sensation
de pousser vers le haut.
Tu sors enfin, après toutes ces heures de travail (24 h de pré travail et 24 h de travail actif). Tu pousses
un petit cri aigu, comme un oiseau, et puis plus rien.
Tu es posé sur moi je ne vois pas ton visage tout de suite. Mon bébé d’amour, tu es là, enfin sur mon sein. Bizarrement je ne pleure pas. Puis enfin tu montres ton beau visage.
Ton cordon est coupé après qu’il ait arrêté de battre, cela fait partie des pratiques de la maternité. On
me le montre même avant de couper. Mon périnée a peu souffert malgré la poussée précoce. Je
demande à ne pas avoir de points car j’ai juste deux minuscules éraillures.
Je reçois une dose d’ocytocine pour éjecter le placenta, car vu que j’ai 40 ans je n’avais pas trop le choix
d’attendre (j’avais demandé). Mais j’avoue qu’à ce moment-là, je m’en foutais complètement 😉.
Nous profitons ainsi pendant 2 h, comme ça, en peau à peau, en salle de naissance, juste tous les 3. C’est
magique.
Puis tu es habillé et nous rentrons en chambre en fin de nuit, épuisés mais heureux. Tu es là, à côté de
nous, après toute cette attente. Nous dormons d’un sommeil profond durant 3 bonnes heures.
La maternité dispose même d’une petite pancarte « ne pas déranger le matin » qui fut bien profitable
durant tout le séjour à la maternité.
Cet accouchement m’a montré que malgré tout ce que je pouvais faire pour que ça se passe bien, le
processus reste parfois surprenant et incontrôlable.
La maternité et l’équipe de la casa d’Aubagne ont été d’une gentillesse et d’un soutien que je n’oublierai
jamais.
Oui il y a de supers endroits pour accoucher même si ce n’est pas chez nous, et dieu sait à quel
point j’avais peur d’accoucher en milieu hospitalier… mais je crois que de ce point de vue-là, mon
accouchement a guéri quelque chose.
La grossesse m’a permis de travailler sur mon positionnement et je me sens en paix avec les équipes médicales de l’accouchement. Je croix qu’il y a aussi là-dedans une guérison profonde de ma lignée féminine.
Par ailleurs, les séances d’osthéopathie, le yoga, l’ouverture de hanches et la visualisation n’ont pas pu faire que tu t’engages comme il fallait, je ne pouvais pas prévoir cela. Mais c’est aussi ton histoire mon p’tit
gars et je sais maintenant que tu avais quelques appréhensions à venir ici.
Je t’aime à l’infini mon Marcel chéri.