Challenge \"Accoucher sans péri\" : en live du 2 au 6 décembre, pour les mamans qui accouchent entre Janvier et Avril, inscris toi c\'est gratuit ! \"EN SAVOIR PLUS\"
Voici le récit d’accouchement d’Anaïs, qui a participé au challenge Accoucher sans Péri… et qui l’a fait !!!
Merci pour ce récit captivant Anaïs. Je souhaite qu’il puisse inspirer d’autres mamans à y croire et se faire confiance. Belle grossesse à toutes !
1. La valse de la lune
24.07.2021
Ce soir, la lune qui était encore pleine hier vient de perdre un petit bout de son ventre rond. On l’observe avant d’aller se coucher et on se demande si elle m’entraînera bientôt dans sa valse.
25.07.2021
5h00
Je ressens les 1ères sensations de douleurs dans mon utérus. C’est nouveau, je me demande si c’est ça les contractions d’accouchement. Olivier dort encore et je compte les intervalles qui reviennent toutes les 5 minutes environ. Je les accueille les unes après les autres, elles sont vraiment douces.
7h30
Je réveille Olivier, je lui explique ce que je ressens. J’ai le pressentiment que la journée va être longue, alors on décide de descendre prendre un gros petit-déj.
Avant de me lever, je me regarde dans le miroir de la penderie, je m’observe. C’est peut-être la dernière fois que je le vois ce ventre rond avec mon bébé dedans. Alors je dégaine mon téléphone et j’immortalise ce moment où je me sens gonflée à bloc, pleine de forces pour vivre cette journée !
10h30
Les contractions ont commencé à s’accélérer peu à peu. Elles restent encore complètement gérables, j’arrive à tenir nos conversations, mais j’explique à Olivier que je me sentirais plus rassurée si on allait à la maternité.
Durant le trajet, les contractions s’estompent petit à petit. On nous accueille aux urgences, Olivier qui avait imprimé mon projet de naissance le confie à la sage-femme. Elle m’installe sur un lit et me place le monitoring. C’est dommage, je ne voulais pas de tout ça, mais elle veut savoir « où j’en suis », ça pourrait être une fausse alerte, auquel cas on serait obligé de rentrer à la maison.
Les contractions sont bien présentes et on entend le rythme du cœur de notre bébé. La sage-femme m’examine, ça non plus je ne voulais pas. Mais bon, ça me donnera quand même un aperçu de mon avancée. Verdict : le col est ouvert à seulement un petit doigt. La sage-femme nous conseille de retourner à la maison, dans notre bulle, le temps que les véritables contractions de travail s’installent.
Je me sens un peu déçue, mais nous savons que c’est une chance de pouvoir vivre les moments qui suivront à la maison.
2. La bulle
12h30
On arrive à la maison. Olivier nous prépare un repas de sportifs. On va le faire ce marathon ! Pendant ce temps je monte et descends une 20ène de fois les 13 marches de notre escalier.
Après le déjeuner, on monte dans notre chambre. Olivier apporte le ballon de gym et descend le store de la fenêtre pour ne laisser passer que des petits traits de lumière. On est plongé dans une ambiance tamisée. Je m’assois sur le ballon et je commence à me balancer de droite à gauche. Je ferme les yeux. Olivier lance l’album que nous avons écouté pendant toute la grossesse lors de chaque instant de relaxation.
Doucement, les contractions s’installent dans le bas du dos. Ça y est, je les sens. Plus rien à voir avec ce que je ressentais ce matin. Elles débarquent vraiment comme des vagues, elles arrivent doucement, ne s’installent que quelques secondes, puis repartent pour disparaître totalement. Je sais exactement ce que je dois faire. Je souffle chaque contraction. J’inspire profondément et j’expire beaucoup de douceur jusque dans mon bassin. Ça m’aide à soulager les intensités. Dès qu’une contraction se rapproche, je me penche en avant et m’appuie sur le banc au pied du lit, Olivier me masse le bas du dos, ça me fait du bien. Il répète des mots d’encouragement. « Bravo c’est bien, une contraction après l’autre ». « Tu es courageuse ». « Les contractions ne sont pas plus fortes que toi, elles sont toi ». « Chaque contraction nous rapprochent de notre bébé »… Je ne saurais dire à quel instant, mais j’ai déjà embarqué dans ma bulle depuis un moment.
Olivier sait que je ne parlerai plus du reste de la journée. Tout se passera à travers les gestes et les regards. Je suis comme en transe, je me laisse porter par chaque vague de contraction, qui m’envahit maintenant toutes les 3 minutes.
Je ne parle plus du tout, j’inspire, je souffle très lentement, je me balance encore et encore. Olivier ressent chacune de mes contractions, il les accompagne en me massant toujours le bas du dos. Je suis hypnotisée par ses mots d’encouragement. Je suis calme, c’est le moment pour nous de repartir à la maternité, il est 17h30.
3. Plus proche de la Terre
17h30
Nous partons de la maison. Dans la voiture, Olivier remet la musique. Je ferme les yeux, pas question de quitter cette bulle si douce qui m’entoure. Les contractions défilent alors toutes les 4 minutes.
18h00
La sage-femme nous accueille et remarque que je ne suis plus dans le même état que ce matin. Les contractions sont plus fortes. Elle essaye de me détendre, parle beaucoup, mais mes oreilles ont décidé de ne plus l’entendre, je me sens bien et je me concentre sur ma respiration.
Elle m’ausculte à nouveau, le col est ouvert à « 2 petits doigts » dit-elle. Elle explique que le travail ne commencera que lorsque le col sera ouvert à 3 cm.
18h30
On nous installe dans une salle de prétravail. Olivier demande que l’on m’apporte un ballon. On reprend donc ce qu’on avait commencé à la maison. Olivier se tient derrière moi et me masse le bas du dos pendant que je continue de souffler doucement chaque contraction.
Je suis bercée par la musique et mes mouvements de droite à gauche. Je suis comme hypnotisée par les mots d’Olivier qui ne cesse de m’encourager. « C’est bien, encore une contraction de passée, continue comme ça ».
J’ai besoin de marcher pour aider mon corps. Arrivés dehors, j’analyse brièvement les zones où je pourrais m’appuyer : un plot en béton, une bordure de trottoir, un carré d’herbe. Entre chaque contraction je me relève pour marcher. Celle-ci est plus intense ! C’est plus fort que moi, j’ai besoin de me sentir proche de la terre. Je me retrouve alors plusieurs fois à 4 pattes, les mains dans l’herbe et les yeux rivés sur des trèfles à souffler mes contractions. Une nouvelle vague arrive, je décide cette fois de la vivre debout en marchant. Quelle idée, mais quelle puissance ! J’en ai les jambes sciées.
On retourne dans la chambre où je m’installe de nouveau sur le ballon. Je m’aperçois que je perds du sang.
Olivier appelle la sage-femme, qui nous rassure. La marche a certainement été très bénéfique sur l’ouverture du col. Elle me propose de m’ausculter, je refuse. Je préfère me concentrer sur le travail, je crains d’être découragée en apprenant que ça n’avance pas et je veux garder le contrôle !
4. Entre les mondes
19h45
On me pose un monitoring sans fil, c’est reparti pour 30 min. La sage-femme de l’équipe de nuit vient se présenter, on l’appellera Sophie. Elle constate que le monitoring n’a pas fonctionné. Elle en repose alors un nouveau en filaire. Pendant ce temps, je respire et je me concentre au mieux sur mes contractions. Olivier m’aide à m’accrocher à ma bulle, massages, mots d’encouragement, musique… mais ma respiration n’est pas du tout la même du moment qu’on ne se retrouve pas tout seuls.
Pour m’apaiser je me retrouve dans mon monde intérieur. Là il y a notre bébé, il y a moi, les mains d’Olivier dans mon dos et ma respiration lente qui accompagne toute la douceur qu’il faut jusque dans mon bassin.
20h30
Le monitoring n’a toujours pas fonctionné, il n’aime pas que je change de position. Il faudra donc recommencer une nouvelle fois.
Sophie se retrouve à 4 pattes sous mon ventre pour essayer de le repositionner. Olivier l’aide, mais ça devient éprouvant de rester concentrée. Mes respirations sont de moins en moins maîtrisées. Je suis baladée entre les mondes.
Je voudrais qu’elle parte. Je propose à Sophie de m’allonger, les capteurs sur mon ventre ne bougeront plus et elle nous laissera tranquille.
22h00
On m’accompagne dans les toilettes de la chambre, en me levant je constate que je perds du sang.
Aux toilettes je suis impressionnée par la quantité de sang, j’ai un peu peur, ça se voit dans mon regard. Sophie me rassure, le col a encore dû bouger.
Impossible de me relever des toilettes, je dis à Olivier que j’ai besoin d’y rester, comme pour répondre à ce besoin naturel de pousser.
Je me force à me lever et je vais m’allonger sur le lit. Sophie me propose de m’examiner. Pas maintenant, une contraction arrive, elle est plus forte encore. Ma poche des eaux se rompt. Non, elle explose ! Je suis trempée, c’est chaud. On me sèche très vite afin que je n’attrape pas froid.
Sophie m’examine rapidement, le col est ouvert à 6cm. Une contraction arrive. Un premier râle sort de ma bouche. Le regard d’Olivier croise celui de Sophie. Pas la peine de se parler, les choses vont aller vite à présent.
5. Plénitude
On va pouvoir s’installer en salle nature, là où je souhaite mettre au monde notre enfant. On me pose rapidement un cathéter, comme j’ai une infection qui pourrait être dangereuse pour le bébé, il faudra que l’on me donne deux doses d’antibiotique tout à l’heure. Avant de m’assoir dans le fauteuil roulant, je laisse passer une contraction. Ça ne me laisse qu’1 minute à chaque fois pour changer de position. Je souffle, elle passe. C’est parti.
Je ne me souviens pas du couloir que nous traversons, dans ma bulle, mon champs de vision n’existe pas, je me trouve dans un autre monde, presqu’en clair-obscur.
Dans la salle nature, Sophie me demande dans quelle position je souhaite accoucher. Je suis fatiguée, je me pose sur le grand lit. Il y a beaucoup de coussins, je suis allongée sur le côté, il fait bon, la lumière est douce, Olivier s’assoit près de moi. Il remet la musique et continue de m’encourager.
L’intensité des contactions a changé. Elles sont plus fortes, plus rapprochées, plus longues. Je n’arrive plus à simplement les souffler, des cris sortent de mes poumons. Je ne les maîtrise pas, ces sons qu’Olivier n’a jamais entendus non plus. Je ressens beaucoup de puissance quand ils sortent. Ils viennent du fond de mes entrailles, du cœur de la Terre.
Dans mes yeux, Olivier voit comme de la colère. Je me sens sauvage, animale, je réponds à ce besoin vital, il faut que je pousse de tout mon corps, de tout mon être.
Olivier vient se tenir à côté de mon bassin, comme nous l’avons appris pendant nos séances d’aptonomie. Il caresse ma jambe droite. Il appelle notre enfant, « petit bébé, suis le son de ma voix, viens nous rencontrer ».
Sophie se penche vers moi et me rappelle que si je le souhaite je peux pousser sur mes pieds, ça me ferait du bien et m’aiderait à aller « dans le même sens que le bébé ».
Olivier attrape ma jambe droite et Sophie ma jambe gauche, une contraction arrive, je pousse. C’est puissant, ça fonctionne, je sens que j’aide mon corps, j’aide mon bébé.
Les vagues s’enchaînent, je pousse de toutes mes forces. Après chaque contraction, l’intensité irradiante se calme instantanément. C’est le vide, le calme, la plénitude. Je fixe le plafond, je ne regarde plus ailleurs, mon corps sait comment faire, j’ai confiance, rien ne peut me déconcentrer maintenant.
6. La puissance des rencontres
Le besoin irrésistible de pousser continue. Ça ne me fait pas mal, mais c’est intense. Je suis impressionnée par ce que mon corps réalise. Il sait faire !
Olivier voit de la colère, ou plutôt de la rage, une puissance jamais encore vue dans mon regard.
Il m’encourage à nouveau. Je le regarde et je lui dis que je ne sais pas si ça avance comme il faut, j’ai juste besoin qu’on me rassure. Sophie me propose de m’examiner, elle regarde à peine et me demande si je souhaite toucher la tête. Je dis non, car j’ai peur, mais mon corps fait tout le contraire. Je touche notre enfant pour la première fois.
Les poussées se suivent les unes après les autres. Je me laisse traverser par notre bébé. Il est juste là, je le sais maintenant, je le sens ! Je pense à lui qui vit ce long voyage de l’intérieur.
Je le touche de nouveau, bientôt nous allons nous rencontrer, tous les trois.
Une contraction arrive, j’ai besoin de pousser, je le sens, le cercle de feu. Ça chauffe, ça tire, ça brûle !
Et puis la contraction ne se calme pas, le besoin de pousser est encore plus fort, plus intense. Je pousse à nouveau et je sens glisser mon bébé d’un coup, la tête, le dos, les jambes. Le contact de l’air dans ses petits poumons lui fait immédiatement pousser son premier cri, et puis le voilà déposé sur mon ventre, silencieux.
Je ferme les yeux. Je reviens doucement de mon autre monde. Tout est si calme. Olivier me rejoint « bravo tu l’as fait ! Il est magnifique ». Je n’ai plus mal du tout, tout est calme et les émotions sont si fortes !
Nous sommes en admiration devant le miracle qui vient d’avoir lieu. C’est une petite fille qui est posée sur mon ventre. Notre petite fille !
Là commence notre belle rencontre, dans la douceur et l’amour. On se regarde, on s’embrasse, on s’observe, on se caresse. C’est une nouvelle naissance, celle de notre famille.
2 commentaires
Magnifique récit qui me rempli d’émotion et me mets les larmes aux yeux tellement l’on y ressent la force et la douceur de ce merveilleux moment que de mettre notre bébé au monde🥰
A terme dans 2 mois, ton partage est très réconfort merci beaucoup🙏🏼✨
Félicitations et une merveilleuse vie à vous 3💓
Absolument magnifique ton récit Anaïs ! Quelle puissance et quelle douceur a la fois. Ça donne envie de vivre la même chose… plus qu’une question de jours pour moi… 😀 Je vous souhaite bcp de bonheur à tous les 3 ! Romane